Mariages précoces. Grossesses et abandon par les hommes sans remords. Insuffisance de textes protégeant la femme. Obligation de partager son homme avec une coépouse. Absence de liberté économique. Inégalité de chances dans l'emploi. Irresponsabilité des époux. Sous représentation des femmes dans les postes de responsabilité. Faible taux de scolarisation. Qui en est le responsable ?
Pour beaucoup, les reproches faits à l'homme vont de la genèse de l'humanité à nos jours. "Lorsque dans les religions révélées on parle de la femme créée à partir d'une côte de l'homme par Dieu, il y a déjà eu discrimination", dit une femme.
Ainsi, la non prise en compte de la dimension femme dans les plans et programmes de développement ; la non ratification ou le manque de suivi des conventions tendant à "affranchir" la femme ; l'infime minorité des femmes dans les postes de décision du pays ne sont pas fortuits. Tout cela serait issu de cette conception première des rapports entre homme et femme.
Pour d'autres, la femme est aussi responsable de sa situation. Certaines femmes ont ancré dans leur tête qu'elles sont le sexe faible. De ce fait, elles doivent toujours incliner la tête devant l'homme. Un fait très fréquent au Togo : celles-là même qui se targuent d'être à l'avant garde de la lutte pour la promotion de la femme font venir chez elle des filles qui auront la charge des enfants en leur absence ! N'est-ce pas aller à contre-courant des efforts d'auto promotion de la gent féminine ? Cette "bonne à tout faire" se trouve privée de toute possibilité d'aller à l'école et donc de mettre toutes les chances d'avenir de son côté. C'est une autre manière de perpétuer la femme dépendante et soumise à l'homme. Autre entrave relevée, le manque de solidarité entre les femmes. Celle qui émerge est accusée de tout faire pour maintenir les autres au rang d'inférieures. La femme instruite refuse d'aller à la rencontre de celle de la base au point qu'à un moment donné, la femme devient l'ennemie de la femme. D'où la préférence de certaines à être commandées par les hommes plutôt que par une femme comme elles et qui ne les considère pas.
Une dot pervertie
La dot qui se résumait à l'origine à une calebasse de noix de cola, à un sac de maïs ou d'haricot plus quelques bouteilles de liqueur est devenue aujourd'hui un tas de pagnes de qualité supérieure, des valises, de bijoux en or etc. L'évolution de la société a montré dans ce cas ses côtés pervers. Avec par exemple les montants excessifs réclamés comme dot qui fait de la fille un objet que l'on achète. En conséquence, on transforme le geste symbolique d'alliance entre deux familles en un marchandage éhonté ! Cette perversion de l'esprit de la dot a pour conséquence la menace souvent brandie par l'homme : "je t'ai épousée" qu'on pourrait aussi traduire sans risque de se tromper par "je t'ai achetée".
Le poids de la tradition est évidemment pour beaucoup dans cette situation de la femme. Car c'est elle qui a tracé le cadre des rapports entre les différentes composantes de la société. C'est encore la tradition qui a fait comprendre à la femme qu'elle est l'inférieure de l'homme, qu'elle a nécessairement besoin d'un homme pour la protéger, etc. Aujourd'hui, beaucoup d'aspects dégradants de nos mœurs et coutumes souvent renforcés par les religions ont encore droit de cité. Par exemple cette pratique incompréhensible qui fait obligation à la femme de s'agenouiller avant de saluer un homme. L'homme se trouve tellement à l'aise dans les attributs qui lui sont conférés par la coutume qu'il ne veut pas voir les choses bouger. Il existe encore des hommes dans certaines de nos régions qui, en faisant l'inventaire de leurs biens commencent par citer en premier… la femme !
Avec les multiples tâches et le manque de repos, on est tenté de se demander comment la femme arrive à être fidèle au poste tous les jours et dès l'aube. Dans les campagnes, certains hommes refusent à leur épouse la moindre indépendance économique sous le prétexte que "si elle a un champ qui lui est propre et qu'elle gagne un peu d'argent, cela lui montera à la tête". Ce qui conforte évidemment la femme dans son idée de personne opprimée. L'homme aurait-il peur d'être supplanté par la femme dont le dynamisme est reconnu ?
Comme on le voit, homme et femme s'accusent l'un et l'autre. Mais le tout n'est pas d'accuser même si ces accusations sont fondées. Les problèmes remontent à une époque tellement lointaine qu'ils paraissent "normaux" aux yeux de beaucoup et parfois des victimes elles-mêmes. Les changements observés, l'adoption des textes et conventions sont certes louables et constituent un premier pas. Mais ils paraissent tellement superficiels et éloignés de la réalité qu'ils ont l'air d'une comédie.
Une société sexiste
C'est donc un changement non pas seulement de l'homme ou de la femme qu'il faut mais de la société toute entière. Une œuvre de longue haleine qui doit par exemple prendre sa source dans l'éducation de chaque enfant, garçon et fille, dans les relations entre frères et sœurs, époux et épouse, etc. Il faut reconnaître que la société est bâtie sur une base sexiste : un monde modelé par l'homme d'abord pour lui-même.
Conçu comme une lutte de la femme contre l'homme, ce "combat de la femme" court le risque d'être mal interprété par l'homme dont le poids est encore important dans notre société. Qui acceptera volontiers de laisser tomber ses privilèges naturellement acquis ?
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